Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d’un immeuble parisien où il s’était refugié, par deux policiers "voltigeurs" motocyclistes.Le lendemain, Alain Devaquet, ministre délégué à l’Enseignement supérieur, et auteur du projet de loi présentait sa démission, pendant que les étudiants et les lycéens défilaient en silence dans toutes les villes portant des pancartes "Ils ont tué Malik". Le lundi 8 décembre, après de nouvelles manifestations, le Premier ministre Jacques Chirac annonce le retrait du texte de la loi Devaquet. Les deux “voltigeurs”, Jean Schmitt, et Christophe Garcia, sont passés trois ans plus tard devant la Cour d’Assises de Paris pour "coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Ils ont été condamnés en janvier 1990 à 5 ans et 2 ans de prison avec sursis.
Presque 30 ans après, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, un jeune homme "gentil et doux" trouve la mort lors d'une manifestation pacifique et citoyenne...
Je ne polémiquerai pas sur les responsabilités avérées ou pas du gouvernement dans ce drame..."L'ordre républicain" a fonctionné de manière toute à fait légale...face à une manifestation tout à fait légitime dans une démocratie...Et le fait que le premier ministre se réclame souvent de Georges Clémenceau, le briseur de grève de 1906, ne doit pas non plus altérer notre jugement...
Mais le télescopage entre la mort de Malik Oussekine et celle de Rémi Fraisse 3 décennies après, doit quand même nous interpeller quant au fonctionnement de notre soit disant démocratie...Il aura fallu un mort en 1986 pour que le gouvernement retire son projet de loi...Il aura fallu un mort en 2014 pour que le projet du barrage de Sivens soit "suspendu sine die"
Les citoyens doivent-ils mourir pour faire entendre leurs voix ?