Tous les dimanches j'achète l'édition du Télégramme. En fait, je ne l'achète que pour me précipiter sur la chronique d'Hervé Hamon, "Courant d'ére", une chronique dominicale qui apporte un regard décalé par rapport à la pensée unique dominante...On peut être d'accord où ne pas être d'accord avec les propos qui sont développés, mais cette chronique nous oblige à réfléchir, car son auteur fait un vrai travail de journaliste en sollicitant notre esprit critique par rapport à des événements qui souvent nous dépassent.
"Les indignations sélectives"...tel était le titre de la chronique de l'édition d'hier (10 août) . Je me permets de la reproduire ici, car je pense qu'elle mérite d'être reproduite à l'infini pour le recul qu'elle nous invite à prendre dans la perception des événements de la dernière période...
"Imaginez un instant que les 373 (à l'heure où j'écris,
hélas !) enfants de Gaza massacrés sous les bombes de Tsahal aient été
israéliens. La communauté internationale se roulerait par terre, l'Europe
éclaterait en sanglots et en représailles, l'Amérique allumerait des bougies à
chaque carrefour, et les funérailles de ces martyrs seraient dignes et
grandioses. Les auteurs du crime seraient identifiés, traînés devant les
juridictions compétentes. Et l'épithète tomberait : de tels actes ne peuvent
être que terroristes, totalement contraires aux lois de la guerre.
Mais non. Les 373 enfants de Gaza ne sont pas israéliens.
Ils sont donc rangés à la rubrique « dommages collatéraux ». Leur massacre
n'est nullement un crime dans la mesure où ils étaient les « boucliers humains
» du Hamas. Et le fait de bombarder deux écoles de l'ONU où des familles se
sont réfugiées en dernière instance n'est pas une entorse mais une nécessité
cruelle.
L'Europe se tait. Hollande bredouille quelques regrets.
Les États-Unis déplorent mais renouvellent le stock d'armes des militaires
israéliens. Une grande partie du monde arabe ne dit mot. Seuls des pays
d'Amérique latine, Brésil, Chili, Bolivie, Argentine, Uruguay, Pérou,
réprouvent ou rappellent leurs ambassadeurs.
Telles sont nos
indignations sélectives. Le sort des chrétiens d'Irak nous bouleverse - à bon
droit -, nous en accueillons quelques-uns, mais nous laissons errer à Calais
les Érythréens qui fuient l'invivable, comme nous avons rejeté la Syrie hors de
notre champ de pensée. Nos représentants européens sanctionnent Poutine -
tardivement - mais ne déploient aucune politique envers le Proche-Orient. Les
États-Unis sont une « grande démocratie », sauf quand ils terrorisent et
torturent. C'est le règne du n'importe quoi.
Et, au bout, il y a des enfants qui meurent. Ça, c'est un
fait..."
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