lundi 10 septembre 2012

Travailler encore...

Ce soir, Lavilliers chante dans ma maison...Il témoigne des mains d'or des sidérurgistes de la Lorraine qui ne comprennent pas pourquoi leurs hauts fourneaux se sont éteints :



Travailler encore...Ce soir, plus de 1000 salariés du groupe DOUX vont aller se coucher et sans doute mal dormir, car ils voudraient encore travailler encore demain matin...

Charles DOUX , 146è fortune de France grâce aux subventions européennes, a délibérément sacrifié les salariés français, en pensant que la délocalisation de ses activités au Brésil lui permettrait d'accroître encore ses profits...Sauf qu'au Brésil, on ne peut pas dire que le régime politique actuel soit perméable aux idées de Charles DOUX.

Et Charles DOUX n'a pas eu un regard, pas un geste envers ses salariés qui l'attendaient au tribunal de Commerce de Quimper...



Charles DOUX n'a pensé qu'à lui, n'a jamais voulu investir pour l'avenir, alors qu'en Bretagne, l'industrie agro-alimentaire se porte bien car elle s'adapte et elle investit...c'est ce que disent les patrons !

Charles DOUX fait partie de ces patrons paternalistes, mais farouchement antisyndicaux, qui ont sévi en Bretagne depuis l'après-guerre...Ce fut la période où le modèle traditionnel de la paysanerie bretonne a explosé, obligeant les jeunes ruraux à rechercher des emplois "en ville"...Ce fut ainsi une période bénie pour les patrons comme Charles DOUX, qui avaient à leur disposition une main d'oeuvre malléable et corvéable à marci, qui leur disait "Merci not'bon maît'", car le patron "leur donnait du travail"...

Mais en Bretagne, comme ailleurs, mai 68 est arrivé et les salariés du baby-boom sont arrivés sur le marché du travail,, avec des revendications salariales qu'ils entendaient bien faire aboutir...

Et c'est là qu'on reparle de Charles DOUX, ancien négociant en volailles dans la région de Nantes, qui après avoir monté un abattoir de volailles dans les années 50 à Port Launay dans le Finistère, en a implanté un deuxième en 1971 à Pédernec dans les Côtes du Nord de l'époque...

Des salariés jeunes, instruits, ouverts à la revendication avec mai 68...Un cocktail explosif pour faire naître un conflit avec un tel patron réactionnaire...Un patron qui avait la même attitude qu'aujourd'hui : il n'a pas daigné être présent à une demande de rencontre des organisations syndicales de l'entreprise (CFDT -CGT), pour discuter des salaires...

Et c'est de là qu'est né un conflit emblématique qui reste présent dans les têtes de tous les anciens militants syndicaux du département, au même titre que celui du Joint Français.



Celui qui devait travailler plus vite que son ombre s'est mis en grève en décembre 1973...Et il est resté dans la grande tente montée devant l'usine jusqu'en mars 1974. Que de souvenirs dans cette grande tente...Un lieu de rencontre, un lieu de convivialité, un lieu de fête, tels que j'en n'ai rarement rencontrés dans ma vie...Et que dire de la solidarité des artisans, des commerçants, des agriculteurs de la région de Guingamp qui savaient à l'époque que "vivre et travailler au pays" n'était pas un slogan creux, mais constituait le ciment d'une vie harmonieuse sur un territoire...

Mais bon, il faut quand même que je rende hommage à Charles DOUX...C'est grâce à lui, que tout jeune syndiqué à la CGT, je me suis rendu compte de l'importance du syndicalisme interprofessionnel et donc confédéré...Ce conflit a sans doute en partie contribué à mon engagement de plus en plus important au sein de la CGT.


1 commentaire:

  1. Oui, dramatique ce qui se passe.
    On voit s'effondrer l'industrie, en ce 11 septembre ça donne des images précises.
    La chanson de Lavilliers me donne la chair de poule.
    Mon frère a été mis en préretraite à 50 ans quand la Fonderie de Thionville s'est arrêtée ...
    ça n'a pas cessé depuis.

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